Il suffit de voir une ombrelle ou un parapluie de Michel Heurtault pour que le cœur batte un peu plus vite, tant ils portent en eux émotion, humanité et ce sentiment d’indicible qui émane de toutes les belles choses.
Par Xavier Aubercy
À trois ans, il s’accrochait déjà dans les parapluies et à huit, toutes ses armoires étaient pleines de cannes et de baleines. Ses premières économies, il ne les met pas dans les voitures ni les appartements : il commence une collection de parasolerie du XVIIIe siècle à 1960, qui est aujourd’hui la plus importante au monde. C’était donc une évidence pour Michel Heurtault de choisir ce merveilleux métier dont la spécificité est de rassembler en un même objet trois dimensions aussi différentes que complémentaires : La canne, la mécanique et le textile.
Chacune des créations qui sortent de son atelier sont faites à la main et pensées pour durer 20, 30 ans, voire une vie entière. Chaque pièce est unique. Elle peut être réalisée en ébène du Gabon ou de Makassar, en palissandre, en bois de violette, en érable, en hêtre, en cocobolo, ou encore en olivier de manière à exprimer toute la sensualité des bois. Les baleines sont d’une qualité et d’un type d’acier qui ne se fait plus ; Il n’y a pas un seul morceau de plastique ; Les couvertures ne sont pas en polyester ; l’artisan n’utilise que du coton, du lin et de la soie ancienne. Chose tout aussi singulière, il choisit ses matériaux dans la haute couture puis, allant au bout de la démarche, fait imperméabiliser sa propre soie.
C’est cette approche de « haute façon » qui m’a touchée tant elle est singulière, pour ne pas dire unique. « À partir du moment où je vends un parapluie à quelqu’un, il faut qu’il soit parfait. » Michel Heurtault est labéllisé Entreprise du Patrimoine Vivant – EPV – depuis 2011 et Maître d’Art depuis 2013. Il se bat avec un précieux sens de l’effort pour le nom qu’il porte, pour le respect de l’autre et pour l’amour de son métier… C’est pour cela que les plus les grands de ce monde sont ses clients, comme les plus beaux studios de cinéma. D’ailleurs, si vous allez un jour en Corée ou au Japon, vous verrez surement un musée qui consacrera une exposition à son travail de « haute couture française ».
Refusant l’obsolescence programmée, la restauration de très vieux parapluies est son grand bonheur, comme de retrouver dans ses collections uniques les éléments d’époque pour redonner vie, par exemple, à une ombrelle de 1830 ou au parapluie que portait votre grand père si élégant chaque dimanche et que vous avez retrouvé dans votre grenier.
L’atelier de la Maison Heurtault est un espace où le travail des matières donne naissance à des ombrelles et parapluies d’une grâce infinie. Il déménagera à partir d’avril dans le vieux Toulon, à quelques pas du port. Il se veut un lieu de transmission des techniques et d’un savoir-faire particulier que Michel Heurtault tient à partager avec les générations futures. C’est aussi pour cela que chaque samedi entre 11 h et 17 h, il évoquera sa passion dans ce lieu où l’on pourra voir des outils de coupe dont certains ont plus de 200 ans auprès de tout ceux que ce type d’artisanat fait encore vibrer.
Cet homme hors norme m’a donner l’une des plus belles définitions du luxe qu’il me fut donné d’entendre depuis bien longtemps, quand il m’a dit qu’il ne griffait pas ses réalisations de son nom. « Cela aurait été c’était tellement vulgaire… » Pas besoin de mettre un nom ni une marque quand le produit parle pour lui même. À notre époque, entendre encore quelque chose comme cela est un beau d’espoir d’espoir : plutôt qu’une griffe dépourvue de valeurs, privilégier un savoir-faire, une démarche, un travail, un engagement…
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Magnifique article!