Icône urbaine design, emblématique de Paris et objet culte à l’étranger, la chaise de bistrot en rotin, fabriquée dans la pure tradition du cannage, est l’un des symboles de l’art de vivre français.
Par Sophie Lamigeon
Chic et tendance, reconnaissable entre toutes, la chaise cannée en rotin s’exhibe dès les beaux jours. On la voit partout : habillée de bleu, blanc et rouge au Café Français à Bastille, tressées de rouge et vert au mythique Café de Flore à Saint-Germain-des-Prés, présente aussi au Metropolitan Museum de New York… Elle incarne l’image de marque et la personnalité du petit bistrot de quartier comme du plus prestigieux établissement, en France et dans le monde.
Dernières entreprises françaises à fabriquer du mobilier en rotin pour les cafés, bistrots, restaurants et hôtels, ainsi que pour les terrasses privées, la maison Drucker et la maison Gatti perpétuent la tradition grâce au savoir-faire unique de leurs artisans. Au sein de ces manufactures, toutes deux labellisées Entreprises du Patrimoine Vivant, rotiniers et tisseurs travaillent ce fameux palmier liane des forêts équatoriales d’Asie du Sud-Est, découvert par des navigateurs hollandais.
L’atelier fondé en 1885 rue des Pyrénées à Paris par Louis Drucker est la plus ancienne manufacture de sièges en rotin. A l’époque, ce mobilier est très à la mode. L’entreprise a construit sa réputation dans l’univers des cafés, hôtels et restaurants. Le Café de Flore, Les Deux Magots et le Fouquet’s comptent parmi ses tout premiers clients. La maison Drucker habille les terrasses du monde entier depuis plus d’un siècle. Ses chaises en rotin sont aux Vapeurs à Trouville, chez Riche à Stockholm, ou encore au château Marmont, terrasse mythique d’Hollywood. Drucker propose 40 modèles de cannages, une grande variété de couleurs et plus de 100 modèles issus du passé ou de création récente. Aujourd’hui dirigée par Bruno Dubois secondé par son fils Diego, la maison se développe dans la décoration et travaille avec de grands noms du design. François Champsaur, Philippe Starck, India Mahdavi, Patrick Norguet et plus récemment Robert Stadler – qui a renouvelé un classique de la maison avec sa chaise Corso -, ont créé des modèles uniques apportant un souffle moderne à la création traditionnelle de Drucker.
Symbole de l’élégance parisienne, la chaise en rotin est fabriquée sur mesure selon un processus technique complexe nécessitant des années d’apprentissage pour certaines tâches telle que le cannage, comme l’explique la maison Drucker. Tout est fait à la main de manière artisanale, car le rotin est un matériau « vivant » et non régulier. Léger et résistant, il est très malléable et ne subit aucune transformation. Six phases sont nécessaires pour fabriquer une chaise en rotin Drucker. Les artisans préparent tout d’abord les composants à partir des « perches » de rotin : découpe, ponçage, teinte des nœuds, redressage et cintrage. Viennent ensuite le tissage des châssis, l’assemblage et le tissage des dossiers. Puis la pose d’un jonc naturel autour du châssis et de la chaise est effectuée avant la finition et la pose du vernis. Le cannage des assises et dossiers est réalisé en Rilsan, une fibre polyamide souple et durable, obtenue à partir de l’huile de Ricin. Ce tissage permet une large déclinaison de motifs et de couleurs. Les châssis des chaises sont en hêtre ou en bois exotiques.
« Une chaise en rotin demande 5 à 8 heures de fabrication selon les modèles et les types de tissage. Elle va passer entre les mains de 6 ou 7 artisans, raconte Benoît Maugrion, président de la Maison Gatti, issu d’une famille de rotiniers. Les métiers de rotinier et de tisseur sont des métiers d’art. Une école formait des artisans aux métiers du rotin, mais elle a fermé dans les années 80. Aujourd’hui, il n’y a pratiquement plus d’ateliers, plus de qualification et le savoir-faire a presque disparu. En tant qu’entreprise du Patrimoine Vivant, notre rôle est de former des artisans pour l’avenir et de transmettre ce savoir-faire de rotinier ».
Fondée en 1920 par un émigré italien, la maison Gatti fabrique sur mesure du mobilier de terrasse en rotin Haute Couture, respectant des principes de fabrication artisanale garantissant originalité, robustesse et esthétisme. Les techniques de cintrage, d’assemblage et de tissage effectuées manuellement font de ses créations des pièces uniques et personnalisables. Du Georges V à Paris au River Café de New York, de la Rotonde à Montparnasse au Bape Café de Tokyo, la Maison Gatti propose son savoir-faire à une clientèle recherchant l’authenticité et le charme des terrasses à la française. A la veille de son centenaire, la manufacture offre un choix de 80 modèles de chaises, fauteuils, tabourets, banquettes et jardinières, réalisables dans plus de 30 tissages et 30 coloris. Longtemps orientée vers le secteur professionnel, la maison Gatti répond aujourd’hui aux projets de décorateurs pour l’hôtellerie mais aussi pour les particuliers. Elle a réalisé des modèles en tissages exclusifs et colorés pour le styliste et décorateur Philippe Model et collabore avec l’architecte Laura Gonzalez. Un moyen d’investir l’univers de particuliers de plus en plus séduits par cette tendance, non seulement pour leurs terrasses et vérandas, mais aussi pour leurs intérieurs.
1 commentaire
Je suis intéressée par des chaises blanches tressées noir et blanc chaises bistrot plutôt fauteuil très bonne assise il m’en faut 4 merci de me communiquer le prix j’ai des photos !