Jean Perzel peut se targuer d’avoir révolutionné l’éclairage. Près d’un siècle après sa création, son atelier parisien perpétue un savoir-faire unique, dont la signature esthétique Art Déco se décline aujourd’hui dans des tons contemporains.
Par Romain Rivière
Jean Perzel peut se réjouir : le patrimoine qu’il a laissé demeure intact. Cette vision et ce savoir-faire qui lui ont permis, à force de travail, de révolutionner l’éclairage il y a près d’un siècle. Cet immeuble aussi, celui qu’il commande à Michel Roux-Spitz en 1931 pour y installer son atelier de fabrication et son espace de fabrication, face au parc Montsouris, au cœur de Paris, où l’entreprise est toujours installée. Là, les plus grands décorateurs et les têtes couronnées, de même que les particuliers, sont reçus par Olivier Raidt, petit neveu de Jean Perzel et représentant de la troisième génération de la famille à la tête de l’entreprise.
Ce qu’ils viennent chercher ? Des luminaires d’exception, à la fois objets d’art et de technologie, à la signature esthétique Art Déco qui leur confèrent une éternelle modernité. « L’Art Déco, c’est pour nous une véritable empreinte familiale bien plus qu’une simple orientation esthétique », assure Olivier Raidt. Une empreinte qui l’a poussé, au moment de développer de nouvelles créations, à garder la pureté et l’efficacité des lignes et à y appliquer une gamme chromatique de neuf tons contemporains, capables d’inscrire Jean Perzel dans son temps sans rogner sur les valeurs d’origine.
Ces valeurs, portées par les artisans perpétuant la tradition, ce sont celles de l’exigence la plus pointue en matière de qualité et d’efficacité. Celles qui imposent 50, 100 voire 150 heures de travail aux meilleurs verriers, bronziers ou sableurs, pour élaborer l’un des mille luminaires qui quitte l’atelier chaque année. Et ce sont celles qui orientent le choix des matières vers les meilleurs bronzes – composant essentiel de chaque création – et des meilleurs verres. « Ici, tout est entièrement fait à la main », insiste Olivier Raidt en désignant les établis de son atelier, équipés des outils de la première heure. « Chaque pièce est numérotée, puis signée. On n’y trouve ni vis apparente, ni colle. L’ajustage se fait à la lime », reprend-il.
Si la maison s’attache à appliquer une qualité sans faille à ses luminaires, à contresens de toute production de masse, c’est bien parce que c’est elle qui a bâti sa réputation. Et si les luminaires Jean Perzel habillent les yachts, les jets, les palaces et les plus beaux appartements du monde, ce n’est pas un hasard. C’est bien le résultat du travail mené par le fondateur depuis les années 20. A cette époque, le jeune verrier invente tout simplement l’éclairage moderne, en appliquant à son travail ce qu’il a appris de l’étude de l’éclairage, de la lumière et des lois de l’optique. Avant les autres, il parvient à créer des appareils d’éclairage modernes, reposant d’abord sur l’intensité, les moyens d’utilisation, les pouvoirs et la nature de l’électricité, qu’il apprivoise pour la rendre capable de mettre en valeur les objets et les visages par l’intensité et la couleur de la lumière. Sa devise : attacher une importance particulière aux effets apaisants ou nocifs pour l’œil de cette lumière dont on use, jusqu’alors, sans méthode.
Au fil du temps, et à l’aide de son neveu François Raidt, il peaufine la ligne des modèles qu’il crée, puisant son inspiration au mouvement Art Déco, pour que la simplicité et l’épuration de ses créations soient à jamais synonyme de modernité. Pionnier en la matière, Jean Perzel, le premier, donne à l’éclairage le souffle qui lui permet d’évoluer avec son temps et d’être en phase avec le progrès et le confort d’une société moderne en rupture totale avec le passé.