Installé près de Chantilly, Mario Luraschi forme ses chevaux aux scènes les plus improbables pour les besoins du cinéma, dont il est l’un des plus grands cascadeurs depuis les années 70. Nous sommes allés chez lui.
Par Romain Rivière
Il y a l’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, et il y a Mario Luraschi. Lui ne se contente pas de leur parler. Il leur fait faire à peu près ce qu’il veut : cabrés retournés, sauts dans les flammes ou à travers les vitres, ruades dans des barques… Dire qu’il les connaît bien est un euphémisme. Depuis les années 70, les plus grands réalisateurs du septième art font appel à lui pour préparer les chevaux aux scènes les plus redoutables, et pour les réaliser. A 70 ans, cet italien, l’un des plus grands dresseurs et cascadeurs équestres du cinéma français et international, affiche une filmographie impressionnante : de James Bond à Astérix et Obélix Contre César, des Visiteurs à Napoléon, en passant par D’Artagnan ou par la série Versailles, Mario Luraschi compte à son palmarès 400 films. « Et 3 000 chutes », ajoute-t-il.
A la fois recueil d’anecdotes et encyclopédie de l’histoire des chevaux et du cinéma, Mario Luraschi est un homme à part. Et sa ferme, installée près de Chantilly, au nord de Paris, est, elle, une sorte de musée vivant, articulée autour d’une collection exceptionnelle de selles et de harnais, d’un authentique atelier de sellerie et, bien évidemment, de chevaux peu communs. Raison pour laquelle, depuis peu, au-delà de son quotidien de dresseur, il travaille main dans la main avec l’agence A Cheval Chez Les Princes et avec les conciergeries des palaces parisiens pour organiser des journées à ses côtés destinées à faire découvrir son univers aussi secret que prestigieux.
Assoiffé de connaissances, Mario Luraschi est une mine de savoir. D’abord passionné par les indiens d’Amérique du Nord, puis rapidement par les chevaux, il s’est formé à l’école rigoureuse de la tauromachie, puis au cirque aux côtés d’Alexis Gruss père. Très tôt, il a parcouru le monde pour découvrir et apprendre les techniques de dressage locales, variant selon les races, quitte à se plonger dans de vieux ouvrages pour combler un éventuel vide dans son apprentissage. « Partout où je vais, je continue à regarder, je me fais expliquer, j’apprends », dit-il. Rodé à toutes ces techniques, il s’est construit sa propre méthode, reposant sur l’harmonie la plus totale avec les chevaux. L’entendre la raconter autour d’un déjeuner, chez lui, face à son immense cheminée ouverte, est, en soi, un spectacle qui vaut le déplacement.