Avani a ouvert en 2019 deux établissements à Siem Reap, au Cambodge, et à Luang Prabang, au Laos. L’occasion d’un séjour combiné pour découvrir deux pays voisins marqués par le colonialisme français et aux spécificités culturelles différentes.
Par Romain Rivière
« La saison idéale pour visiter le Cambodge, c’est la saison des pluies. » Régis Binard parle en photographe. Il en sait quelque chose. Ce photographe français, spécialisé dans l’humanitaire et le voyage, s’est installé à Siem Reap il y a une dizaine d’année pour y créer sa société d’expéditions touristiques articulées autour de la photographie : ses clients, venant des quatre coins du monde, le suivent dans tout le pays et, plus largement, dans toute l’Asie du sud-est pour y apprendre la technique ou se perfectionner à ses côtés. Le Cambodge, il le connaît sous toutes ses coutures et… toutes ses couleurs. Parmi ses terrains de jeu favoris, les nombreux temples dont regorge le site d’Angkor, fierté cambodgienne classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1992.
Tandis qu’un déluge violent s’abat sur le temple de Ta Prohm, construit à la fin du XIIe siècle selon le style du Bayon, nous cherchons un sol stable pour poser nos pieds ; Régis Binard, lui, pointe du doigt la mousse d’un vert fluorescent qui, par endroit, recouvre la pierre du temple noircie par les siècles. « Ces contrastes sont saisissants, dit-il. On ne peut vraiment les apprécier qu’en saison des pluies. Lorsqu’il fait chaud et sec, la poussière peut masquer les nuances. » De fait, les couleurs végétales et le sol aux tons rouges augmentent la dimension mystique de ce temple, qui occupe une surface large de près de 700 mètres et longue d’un kilomètre et rendu célèbre par le tournage de Tomb Raider avec Angelina Jolie.
Pour les amateurs de photographie, Ta Prohm est un passage obligé mais les options dans les environs demeurent nombreuses : Angkor Wat, le plus grand des temples de la région, Bayon et ses 216 visages géants taillés dans la roche, etc. Et c’est au cœur de ce gigantesque site archéologique, dans le centre de Siem Reap, qu’Avani Hotels and Resorts a ouvert mi-2019 son dernier établissement : le FCC Angkor. Alentours, les marchés de jour comme de nuit ainsi que les marchés solidaires rythment la ville et permettent de découvrir les spécificités de l’artisanat local.
Avec son architecture coloniale française qui s’inscrit dans l’histoire et la culture de la ville, le FCC Angkor fait partie des établissements emblématiques de la région. Situé non loin des jardins de l’Indépendance et de la résidence royale, il est organisé autour de l’ancienne demeure du gouverneur français datant de l’époque coloniale, devenue par la suite le Club des correspondants à l’étranger, prisé des journalistes locaux et internationaux, des célébrités et des voyageurs de tous les horizons. Les réaménagements de l’hôtel, conçus pour s’intégrer aux structures de style colonial, font la part belle au cadre exotique des jardins verdoyants et à l’art contemporain d’inspiration khmère ; des accents européens complètent une atmosphère élégante et luxueuse. Côté restauration, un nouveau bar, Scribe, a été conçu à l’occasion des travaux de rénovation. Installé en rez-de-chaussée sur une large terrasse en bois, il permet de profiter paisiblement du jardin verdoyant et de sa piscine longiligne. A l’étage, le restaurant cambodgien Mantion offre de son côté une cuisine locale dans une ambiance de bistrot chic.
Si le séjour à Siem Reap se place volontiers sous le signe de l’expédition ou de la randonnée, il est un endroit incontournable qui émerveille tant par les talents de ses jeunes artistes que par leur jovialité : l’étonnant Phare Circus. Ici, point de fauve ni de clown. Sous ce nom, s’active en réalité l’association Phare Ponleu Selpak, dont la vocation est d’utiliser l’art comme moteur de développement social et humain pour offrir à des jeunes issus de milieux défavorisés un avenir professionnel. De fait, à chaque représentation, ces jeunes aux talents divers – musique, danse, acrobatie, jonglerie… –, formés par l’association, entrainent les visiteurs autour d’un show d’une heure durant laquelle leur énergie et leurs talents s’expriment vivement, sur fond d’une histoire mettant en scène une problématique contemporaine. En 2020, le Phare Circus donnera une tournée internationale qui passera notamment par la France et les Etats-Unis.
A une petite heure de vol de Siem Reap, la paisible et charmante ville de Luang Prabang, considérée comme la capitale culturelle du Laos et elle-aussi inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, accueille également depuis cette année un hôtel Avani : l’Avani + Luang Prabang. A deux pas du fleuve Mekong, du palais royal et du marché nocturne de cette petite ville de 50 000 habitants, il arbore une architecture inspirée de l’héritage colonial français de Luang Prabang, agrémentée d’une touche moderne qui lui confère un style élégant et une ambiance tranquille. Au centre, une grande piscine est plantée dans un écrin de verdure. Le restaurant Main Street Bar & Grill sert les repas à l’intérieur ou en terrasse et met à l’honneur les spécialités laotiennes et les classiques de bistrot. L’AvaniSpa, de son côté, articule son offre autour d’une approche personnalisée : le convive est invité à évaluer les zones corporelles problématiques afin d’orienter au mieux le traitement selon quatre recommandations : stimuler, équilibrer, calmer, purifier.
Installé en plein cœur de la ville aux 62 temples et monastères, l’hôtel permet au visiteur de profiter facilement de ses atouts et de découvrir ses spécificités. Ainsi, le marché nocture, faisant la part belle aux tissus locaux, aux bijoux et à la décoration, se tient chaque soir en face de l’établissement. Les temples, pour la plupart, sont à quelques pas, de même que le mont Phousi, point culminant de Luang Prabang.
A une petite heure de route, le site de Kuang Si mérite le détour. En pleine forêt, ses cascades en paliers et ses eaux turquoise en font un lieu hors du temps et du commun. Sur la route du retour, à mi-chemin, l’élevage de buffles, seule ferme laitière du pays , permet de déguster les fromages locaux – mozzarella, cheese-cake, glaces… – tout en participant au développement d’une entreprise solidaire : cette ferme, pionnière en la matière, implique les locaux qui reçoivent un revenu régulier en contrepartie de la location de leurs bêtes dont la santé est prise en charge. La laiterie, qui fait appel à une main d’œuvre exclusivement locale, assure aux habitants l’apprentissage d’un métier et de la langue anglaise. Parallèlement, l’équipe de la ferme expérimente localement une agriculture organique durable, reposant notamment sur la production et l’utilisation de composte. Enfin, deux buffles indiens ont été importés sur le site, de manière à diversifier l’adn des bêtes pour diminuer les problèmes de santé dus à la faiblesse de la population bovine locale. L’art de vivre laotien, c’est aussi cela : la rencontre entre le développement solidaire et la découverte touristique.