L’arrivée des beaux jours et de la fin du confinement sont l’occasion de sortir les chinos. L’Honoré Magazine vous dit tout sur le sujet.
Par Raphaël Sagodira
Ce matin, vous souriez : il fait beau. Vous savez que cela signifie deux bonnes nouvelles. La première : Paris va se couvrir de vos fleurs préférées – celles qui s’impriment sur les robes courtes et légères. La deuxième : vous rangez la flanelle et sortez les chinos, ce qui est peut-être encore plus enthousiasmant. En coton, plus confortables que les jeans, les chinos sont pourtant plus habillés.
Comme vous les aimez ces pantalons… Même si vous n’avez pas spécialement la fibre belliqueuse ! En effet, le chino trouve son origine dans le monde militaire. Les chinos auraient étés inventés par l’armée anglaise en Inde vers 1840. Sir Harry Lumsden aurait fait teindre les pantalons anglais dans des tons de beige – moins salissants que le blanc – qui devient officiels pour les uniformes anglais des colonies en 1884. Les chinos s’appellent alors des « khakis », ce qui signifie « poussière » en Inde.
Dans ce cas, pourquoi parle-t-on aujourd’hui de « chino » ? L’origine est incertaine. Le terme proviendrait du nom donné à des pantalons vendus aux soldats américains par la diaspora chinoise aux Philippines, durant la guerre hispano-américaine de 1898. D’autres sources mentionnent les années 1930. Ce qui est plus certain, c’est que les soldats de l’US Army en portent durant la Seconde Guerre mondiale. Une fois démobilisés, la G.I Bill permet aux militaires d’intégrer les universités, introduisant ainsi le chino comme l’illustre le Willie Gillis du peintre Norman Rockwell. C’est l’explosion du style preppy, ce style propre aux étudiants américains : la chemise madras, le chino et les bucks blanches à semelles rouge brique.
Vous tirant de vos rêveries martiales, elle vous fait remarquer que vos chinos n’ont pas du tout supporté vos dégustations dans les vignes du sud-ouest de l’été dernier. Il est temps de renouveler votre stock. Surtout, commencez par vous boucher les oreilles quand vos collègues vous donneront de généreux conseils. Untel qui s’invente une illustre généalogie vous conseillera bien sûr de prendre des chinos « vert pomme flétrie », « framboise écrasée », « mimosa de deuil » ou on ne sait quel nom inventé par un prétendu Vicomte. Et puis quoi encore ? Si vous n’êtes pas bordelais et indépendantiste, fuyez. Untel autre, très familier – celui qui vous appelle « mec » – vous dira, lui, d’en trouver avec des joueurs de polo brodés. Fascination sportive de celui qui n’en n’a pas le physique ? Il préfère d’ailleurs les logos brodés quasiment à taille réelle, parce que les copains du club en ont. Derechef : fuyez.
Non. Vos chinos sont simples, en tout cas d’apparence. Ils sont en coton léger, de couleur beige, crème voire brique – si vous insistez- mais ce n’est pas tout : ne vous ai-je pas dit que vos chinos ne sont simples que d’apparence ? C’est parce que vous trichez. Vos chinos sont d’un mélange de coton et de cachemire, ou de coton et de soie pour les modèles les plus luxueux. En terme de coupe, de discrets détails dévoilent le connaisseur : des ajusteurs latéraux et une patte prolongée sur les hanches vous dispensent de ceinture. La jambe courte et étroite ne casse pas sur la chaussure et se finit par de généreux revers qui frôlent vos mocassins à pampilles bordeaux ou vos souliers à boucles fauves. Touche finale car vous êtes un adulte responsable : vos chinos ont forcément un pli marqué au fer.
Surtout, n’oubliez pas de retrousser les manches de votre chemise et de vous coiffer d’un panama. Vous voilà prêt pour l’aventure.